Les Shopping Malls en quête d’une boussole
Quelle est la raison d’être des centres commerciaux en 2020, et après ? A la suite de l’incontournable salon du Mapic, nous avons enquêté sur une filière en profonde mutation.
« Le marché est en phase de questionnement, on le sent », lance Maël Aoustin, Directeur de la foncière belge Galimmo, qui gère 66 galeries marchandes de Louis Delhaize (20.000 à 25.000 m2 GLA environ, dans les villes moyennes de France, Belgique, Luxembourg et Roumanie). En effet, la réflexion est profonde et ses raisons sont nombreuses : l’e-commerce prend des parts de marché, le non-alimentaire des hypers perd sa raison d’être, les « textiliens » font face à une baisse de consommation massive (hormis quelques petites niches comme les sneakers, etc). Pas étonnant que les investisseurs dans le « retail » soient moroses. « Les volumes investis ne sont pas folichons lors des 12 mois glissants à fin juin : on est à -22 % pour le « retail » en Europe, résume Patrick Delcol, Head of Pan-European Retail chez BNP Paribas Real Estate. Le constat est le même pour Lydia Brissy, Directrice de la Recherche chez Savills : « En Europe, les investissements dans le « retail » ont baissé de 19 % au total sur la période janvier – octobre 2019. Si la situation est très particulière au Royaume Uni, qui compte 3 fois plus de m2 « retail » par habitant qu’ailleurs, le secteur est à maturité en Europe de l’Ouest. Il n’y a plus de développement, les créations de centres se concentrent à l’Est ». Parmi les rares créations ex-nihilo présentées au Mapic, on peut citer le Mall of Netherlands à Amsterdam (280 mags, 117.000 m2 GLA, ouverture en 2020) et le Mall of Europe (123.000 m2 GLA, ouverture en 2023), tous deux conçus par Unibail Rodamco Westfield (280 mags), ou encore Cherrywood à Dublin conçu par Hines. A Paris, le tentaculaire EuropaCity de Ceetrus (prévu pour 2027) a finalement été abandonné. Le gouvernement a appelé à laisser place à un projet « alternatif », intégrant davantage les enjeux écologiques. En Europe, l’heure est donc au « recyclage » de m2 commerciaux. « Des foncières comme Ceetrus et Carmila savent très bien recycler leurs m2 en baissant la taille des hypers, lance Gontran Thüring, Directeur du CNCC…