Mode. Le militantisme durable, nouvelle figure de style imposée ?
Pour être « fashion » demain, faudra-t-il forcément être connecté à la planète ? La réponse est déjà oui pour beaucoup de jeunes griffes aux positionnements engagés. Mais pour les acteurs historiques de la mode, le virage est plus complexe…
« Il n’y a jamais eu autant d’argent en circulation dans l’économie et si peu de sens, lance Violette Wating, DG du Slip Français (sous-vêtements Made In France avec 16 magasins et 60 % de l’activité en ligne). Chez nous, la RSE n’est pas quelque chose de complémentaire mais d’existentiel. Pour que ça marche, elle doit venir du top management ». Dans la mode, l’enjeu du Développement Durable (DD) est de taille. En témoignent l’essor des plateformes comme Vinted et LeBonCoin. « Chaque année, 80 milliards de vêtements sont fabriqués dans le monde, lance Valérie Tiersen, ancienne DG de La Redoute Belgique, qui accompagne désormais les « retailers » dans leur transition durable. La production mondiale de polyester absorbe l’équivalent de 70 millions de barils de pétrole / an. Il faut 7.000 litres d’eau pour fabriquer un jean et 2.500 litres pour un tee-shirt de 250 grammes, Chaque année en Europe, 5,8 millions de tonnes de textiles sont mis en décharge. Et 70 % des garde-robes ne sont pas portés ».
Pourtant, le thème du DD n’est pas central chez des acteurs comme Maje, Sandro, The Kooples ou Inditex. Chez eux, on parle de mode et de style – c’est ce qui a fait leur succès -, et parfois, on développe une ou deux collections capsules durables. Comme Puma, avec ses chaussures biodégradables et recyclables (InCycle). Pour Laurent Thoumine, Directeur Retail chez Accenture, il existe 3 cas de figure. « L’exemplarité d’acteurs historiques ayant placé le DD au cœur du modèle est, en réalité, plutôt rare. Patagonia est sans doute le seul. Il y a aussi les bons élèves, comme H&M qui déploie beaucoup d’initiatives (collecte de vieux vêtements dans ses bornes en magasin) dont l’ampleur mondiale est réelle. Enfin, il y a ceux avec des initiatives dispersées (collections capsules), mais qui n’ont pas transformé leur modèle ».
Dans un secteur autant industrialisé, comment sortir du cahier des charges établi ?