Retail. L’Ouest fait le gros dos, l’Est innove
De Hong Kong aux Émirats, le retail de demain s’invente loin d’ici. Là où l’activité a déjà redémarré, enseignes et foncières tracent une route inédite. Et nous montrent des pistes que l’on n’aurait pas imaginées il y a 3 mois. Enquête.
Asie et Émirats ont une longueur d’avance dans la crise sanitaire… et également, pour le retail qui est déjà passé dans la gestion de l’après. Tandis que l’Europe et les U.S.A. se protègent avec des mesures sanitaires contraignantes tout en cherchant à tenir pour pouvoir rembourser leurs emprunts, d’autres inventent le retail de demain. Voici comment ils déplacent les lignes.
L’omnicanal n’est plus une option. Pour ceux qui ne l’avaient pas encore complètement mis en œuvre, c’est LA priorité à court terme. Notamment dans la mode, où les enseignes s’approvisionnant en Asie ont tendance, quand elles reçoivent un million de pièces, à pousser quasiment l’intégralité en boutique et à ne garder qu’un petit volume en entrepôt pour le réassort. En exploitant leurs stocks magasins pour l’e-commerce, elles peuvent satisfaire la demande du client même si l’article n’est pas en entrepôt…donc améliorer la rentabilité. Signe de ceci ? La capacité à investir très rapidement dans les projets omnicanaux. Driss Iziki, Sales Manager Afrique-Moyen-Orient chez Cegid Group, raconte : « Il y a 3 mois, nos clients disaient « Oui, c’est pas mal l’idée du ship from store ». Maintenant on est passé à « OK, quand est-ce qu’on le met en place ? ». Dans la beauté, la maison, le bricolage, nos clients sont beaucoup plus à l’écoute du digital, la différence d’écoute est hallucinante. Certains sont vraiment pris à la gorge mais sont capables de trancher très vite sur des projets informatiques qui vont générer du CA et du cash dans les 6 prochains mois ». Ce virage omnicanal soulève aussi des enjeux. « Certains magasins sont passés en 100 % en « ship from store » mais humainement, ce n’est pas si simple, raconte Guillaume Darrasse, P.D.G. d’Invivo Retail (jardineries Gamm Vert et Jardiland). Concrètement, vous demandez à l’équipe que vous aviez recrutée pour sa capacité à aller vers le client de basculer vers un métier d’entrepôt, avec des objectifs de gestion de flux (nombre de commandes préparées / heure). Ce n’est plus le même métier ». Autre preuve de ce retail résolument omnicanal ? Au Maghreb – un marché de franchises – beaucoup de franchisés demandent au siège de reprendre la main sur l’activité e-commerce. Au Maroc par exemple, le franchisé des griffes 1.2.3. et Etam veut récupérer l’activité e-commerce, auparavant gérée par la maison-mère. Un signe fort, dans un pays où les ventes en ligne étaient auparavant peu développées.