Salon MPV 2020 : zoom sur les tendances et « RetailFictions »
Le salon MPV présente les principales tendances dans le domaine du Marketing Point de vente. Référent sur le marché, il réunit tous les deux ans les professionnels du « retail » pour échanger autour de cas clients et des tendances en PLV, agencement, digital, activation de marque et design. Rencontre avec Nathalie Niel, Directrice Adjointe du salon Popai / MPV et Monique Large, Consultante en innovation et Fondatrice de PollenConsulting.
GRN : Pouvez-vous nous présenter le salon MPV ?
Nathalie Niel : Organisé tous les 2 ans pour le POPAI France, MPV est le salon de toutes les solutions marketing en point de vente. Notre 34e édition se tiendra du 24 au 26 mars, Porte de Versailles. Sur MPV, nous célébrons le magasin physique : toucher, sentir, essayer, goûter…car l’éveil des sens reste l’apanage du « retail » !
Nos exposants, qu’ils soient fabricants, agenceurs, agences ou acteurs de la « retail tech » ont tous à cœur d’aider les marques et les enseignes à faire vivre des expériences agréables, fluides voire mémorables à leurs clients. En tant qu’organisateur de salon, c’est également la promesse que nous faisons à nos visiteurs. Pour l’atteindre, nous innovons cette année en créant trois zones expérientielles qui permettront – entre autres – de donner vie au Cahier de Tendances MPV.
GRN : Qu’est-ce ce que cahier de tendances ?
Monique Large : Ce cahier est conçu pour permettre aux professionnels du « retail » de prendre de la hauteur sur les enjeux actuels et de décrypter les évolutions du métier. Croisant les regards de multiples experts, c’est à la fois une source d’inspiration mais surtout un outil structuré aidant à se positionner – ou non -sur les innovations du secteur. Ce cahier parle d’innovation, mais son contenu aborde le « retail » de façon intemporelle, sous un regard socio-culturel. Les trois derniers cahiers, téléchargeables sur le site Mpv-paris sont toujours d’actualité !
GRN : Quelles grandes tendances « retail » avez-vous identifiées pour 2020 ?
N.N : Des magasins « instagrammables », phygitaux, proposant toujours plus de services et des marques engagées soucieuses de leur impact environnemental. Ces grandes tendances seront exposées lors de conférences et de sessions de coaching POPAI réparties sous 3 grands chapeaux : « Digital retail », « Green retail » et « Success stories ». Pour se projeter dans le futur du « retail », nous avons demandé à Monique Large, de l’agence Pollen Consulting, à quoi ressemblera le magasin de demain. Ne possédant pas de boule de cristal, elle nous a suggéré de s’inspirer de la Design Fiction pour imaginer des scenarii fictifs… des « Retail Fictions ».
GRN : Monique, de quoi s’agit-il ?
M.L. : Au-delà de tendances, l’idée des « Retail Fictions » est d’interpeller et de susciter le débat en transgressant, en abordant franchement les tabous du retail. Ces scenarios spéculatifs permettent de créer des artefacts – des phénomènes d’origine artificielle – au sujet d’un futur possible ou probable. Et donc, de s’interroger sur le futur souhaitable.
GRN : Concrètement, quels sont les scénarios envisagés ?
M.L. : Le cahier est donc structuré en 7 questions : « Et si » …
- Et si on remplaçait le plastique par du végétal en point de vente ?
- Et si on logeait des jeunes dans des centres commerciaux ?
- Et si on fabriquait tous nos produits dans le point de vente ?
- Et si la pub s’estompait avant de saturer le cerveau ?
- Et si les consommateurs exigeaient une transparence totale ?
- Et si tout était livré ?
- Et si tout était loué, prêté, échangé ?
GRN : Parmi les « Retail Fictions » qui seront présentées cette année au salon MPV, lesquelles vous paraissent les plus plausibles dans un avenir proche ?
N.L : Toutes sont plausibles, car fondées sur le croisement de signaux réels, qu’il s’agisse de recherches scientifiques ou de travaux d’artistes ! D’ailleurs en interrogeant les experts, beaucoup confirment que ces fictions sont déjà en grande partie une réalité. Cependant, prédire le futur est loin d’être une science exacte. Dans les années 1980, on imaginait se déplacer en voitures volantes en 2000, mais rien ne présageait de l’essor d’Internet. L’objectif du cahier n’est pas de présenter des scénarii plausibles mais de faire réagir à des possibles dérives de notre société, de notre consommation, de notre rapport aux technologies.
Nathalie, qu’en pensez-vous ?
N.N : Bien que toutes plausibles, une de nos fictions me semble
tout de même plus fictive que les autres : Et si tout était livré ? Les
consommateurs auront, selon moi, toujours besoin d’un point de contact physique
avec la marque. Un espace dans lequel, en plus de s’immerger dans
l’univers des marques qu’ils affectionnent, ils peuvent toucher, sentir,
goûter, essayer voire produire eux-mêmes les produits avant de les
acheter.
GRN : Plusieurs scénarios évoquent le développement durable : « Et si on remplaçait le plastique par du végétal en point de vente ? », « Et si tout était loué, prêté, échangé ? », « Et si les consommateurs exigeaient 100% de transparence ? ». Sur ces sujets, sommes-nous finalement plus proche de la réalité de demain que de la fiction ?
M.L : Ces questions sont d’actualité, mais la façon d’y répondre méritent d’être challengée. Concernant l’actuel « plastic bashing », les solutions consistent à utiliser des bioplastiques en remplacement, à réduire la matière, à mettre en place des filières de recyclage et de consigne… ce qui ne remet pas fondamentalement en question les usages de la PLV ni notre rapport à l’éphémère. La fiction permet d’aller plus loin, en interrogeant notre sens du vivant. Pour la transparence exigée par les consommateurs, nous en sommes aussi aux balbutiements. Les scandales récents ont fait monter d’un cran la méfiance, et les entreprises comme les tierces parties surenchérissent dans la réassurance, avec des outils restant pourtant incomplets ou peu exploitables. Demain, devrons-nous passer par la technologie pour rétablir la confiance ? L’autre exemple, « Si tout était loué, prêté, échangé… », interroge sur l’évolution d’une la relation client s’inscrivant dans la durée. Car avec ce type de modèles, les marques récolteront encore plus de données sur nos habitudes, pour assurer la personnalisation et bien sûr, nous simplifier la vie. D’autres options sont-elles envisageables ?
GRN : Comment ces fictions prendront-elles vie sur le salon ?
N.N : Nous avons associé chaque fiction à une zone expérientielle. Par exemple, celles portant sur le remplacement du plastique par le végétal et le logement des jeunes dans les centres commerciaux seront présentées sur la zone « Breathe », un espace dédié à la détente et conçu comme une bulle de déconnexion. Podcasts, murs de présentation, vidéos et animations permettront de mixer les supports pour donner vie à ces « Retail Fictions ».
Diffusé dans la Newsletter Digital Retail News du 25 février 2020