« L’essor du paiement fractionné en magasin va s’accélérer »
Payer en ligne ses chaussures ou son téléphone en plusieurs fois avec sa carte ? Avec la crise sanitaire, les consommateurs sont devenus adeptes du paiement dit fractionné. Avec des ventes qui atteignent en 2020 € 4 milliards, le «Buy Now Pay Later » s’est imposé en France dans l’e-commerce. Aujourd’hui, il part aussi à la conquête des magasins grâce aux initiatives d’acteurs comme Cofidis dont Monetico Paiement est partenaire. Les projets de Cofidis, spécialiste du crédit en ligne expliqués par Arnaud Le Gall, Directeur des Partenariats.
Activable en quelques secondes, rassurant dans un contexte économique morose, le paiement fractionné, qui n’est pas encadré par la loi Lagarde sur le crédit à la consommation en raison de ses faibles montants, est devenu très populaire. Pourquoi ?
Arnaud Le Gall : Le Buy Now Pay Later (BNPL) existe depuis longtemps en réalité. Cofidis est le premier spécialiste du crédit à la consommation à avoir lancé, en France, dès 2007, l’offre de paiement fractionnée 3 fois par carte bancaire. Mais avec le Covid, le recours au paiement fractionné est véritablement devenu une tendance structurelle, en particulier pour des montants inférieurs à € 200. Elle accompagne l’explosion des achats en ligne et traduit l’apparition de nouveaux modes de consommation d’achats, notamment chez les jeunes de 25-35 ans. En France, les paiements fractionnés devraient passer de € 4 milliards en 2020 à € 16 milliards en 2028 à périmètres constants (1).
Faut-il en conclure que toutes les enseignes devraient se convertir et offrir à leurs clients cette facilité de paiement ?
Arnaud Le Gall : C’est aujourd’hui un outil incontournable pour convaincre le consommateur de passer à l’acte et augmenter son panier d’achat. On estime qu’un retailer peut décrocher, avec ce moyen, entre 15 % et 20 % de chiffre d’affaires supplémentaire. Certes, on ne fait pas ses courses alimentaires en échelonnant ses paiements. Mais dans d’autres secteurs comme l’équipement de la maison, l’électroménager ou la mode, c’est un véritable levier de business. Cofidis a ainsi demandé à OpinionWay de faire une étude sur la mode premium, un secteur où les consommateurs ont recours au BNPL pour des montants de € 180 à € 200 en moyenne. 85 % des 25-34 ans auraient reporté leurs achats en ligne si cette possibilité ne leur était pas offerte. 69 % auraient annulé purement et simplement la transaction. Les consommateurs se servent du paiement fractionné pendant les soldes pour profiter des offres promotionnelles quand elles se présentent, ou pour gérer leur budget sur des périodes très courtes.
Comment Cofidis se positionne-t-il sur ce marché avec son partenaire Monetico Retail, qui appartient également à Crédit Mutuel Alliance Fédérale ?
Arnaud Le Gall : Notre ambition est d’être leader en mettant l’accent sur l’expérience client, la fluidité du parcours d’achat et l’analyse de la solvabilité. Plus de 500 sites e-commerce (Rakuten, Rue du Commerce, Allopneus, etc.) intègrent déjà nos solutions de paiement fractionné sans avoir à se préoccuper des risques d’impayés ou de fraudes. Par ailleurs, nous venons de conclure un partenariat avec Amazon Pay permettant aux clients de régler leurs achats de plus de € 60 en 4 fois, par carte bancaire.
Mais au-delà de l’e-commerce, on voit que le déploiement du paiement en plusieurs fois dans les magasins s’accélère. Avec Monetico Retail, des terminaux de paiement électronique (TPE), exploités sous licence Android et des caisses autonomes sur écran vont bientôt faciliter la saisie directe par le consommateur de ses données personnelles, ce qui constitue un avantage en raison de l’absence de rupture de canal : le parcours fluide, intégré dans les usages des consommateurs (paiement par TPE). Depuis cet été, l’enseigne Foir’Fouille (250 magasins) expérimente le lien de paiement (Pay by Link). Le vendeur entre l’achat sur son écran, le consommateur reçoit un lien, qu’il n’a plus qu’à activer pour payer en toute sécurité pour la confidentialité de ses données. Point positif notamment dans le contexte sanitaire actuel, cela permet de libérer le vendeur, le paiement étant aussi simple que l’envoi d’un SMS.
Source : France Buy Now Pay Later Business and Investment Opportunities (2019-2028).
Régine Eveno